mercredi 23 janvier 2008

3 ans ...



Merci aussi pour l'oubli.
L'oubli et le pardon.
Ton pardon.
Et ta connivence.

Nous parlons de mon passé et c'est comme si tu l'avais vécu avec moi : tu sais déja tout, tu acceptes tout.
J'ai parfois peur d'être impudique, pourtant rien ne te choque et tu ris avec moi de mes aventures passées.
C'est un peu dingue.

Je me sens mal parfois de te voir si tolérant, j'ai l'impression d'être un monstre d'égo et de te torturer à t'avouer mes errances.
Tu apparais si chaste de m'avoir choisie et attendue alors que je me livrais aux pires frasques ... que je me livrais à ce monstrueux psychopathe.

J'en éprouve tant de dégout et de honte, je le hais de m'avoir éloigné de toi.
Je me hais de l'avoir laissé faire.

La culpabilité ne cesse de me ronger encore.
Et je sais que tu sauras trouver les mots pour apaiser mon coeur.
Et je sais que je me sentirai encore plus honteuse d'avoir quitté l'ange magnanime que tu es.
Et je sais pourtant que tu es humain, et que tes sentiments n'ont sans doute pas toujours été si généreux à mon égard.

Je m'endors avec cette idée en tête ...
Et avec les mots que tu m'as dit ...
Si seulement j'étais revenue vers toi ...
Je ferme les yeux, le sommeil m'emporte sur ce voeu "Pitié ... si seulement je pouvais revenir en arrière ... 3 années en arrière"



Je me réveille dans une chambre que je ne reconnais pas, le volets sont mi-clos ... et je ne suis pas seule.
La torpeur m'empêche de réfléchir ...
La chambre est blanche, sans décor, des cartons, des piles de livres et de vêtements le long des murs, un bureau encombré ...
Merde ! la chambre de Y. !
Je me relève brutalement en jurant, ramasse mes vêtements à toute vitesse et file m'habiller dans le salon en désordre.
Y. se tourne dans le lit et viens me rejoindre au radar "qu'est-c'qui s'passe encore ?"
J'enfile ma veste et pars en claquant la porte "j't'expliquerai !"

Je dévale les escaliers en pleine panique, trop de pensées se bousculent : F., L., mon appart' des amidonniers, mon job ... et toi ...

Je déboule rue du Taur, il est encore tôt et il fait froid.
Je ne sais pas ce qui me stoppe alors, mais je reste quelques instants à savourer la rumeur de la ville.
"Bon sang, ça m'a manqué"
Je me reprends et me dirige vers mon taf' à toute allure.
Je me sens bien, vive, légère : tout est encore possible.

J'entre avec fracas, mon collègue affairé à la caisse me regarde bizarrement.
Avant qu'il ait le temps de poser la moindre question je le met devant le fait accompli : "je pourrai pas être dans les jours qui viennent, je peux pas t'expliquer, je compte sur toi pour arranger ça avec le chef, j'te r'vaudrai ça ! promis !" et repars aussitôt sans me retourner.

Je file dans les jardins de la fac, avec toujours cette question : que vais-je te dire ?
"J'vais avoir l'air dingue ... peu importe ! il faut que je lui parle !"

Je retrouve les sensations de ce corps encore jeune et vierge de ses traumatismes à venir, je marche à vive allure sur les berges du canal.
Je réalise peu à peu que je ne peux pas me présenter à toi comme ça.
La mort dans l'âme je me dirige vers mon appart'.

La serrure de l'entrée me donne du fil à retordre, mais je rentre enfin dans la cour.
Je pense un instant à D. et à mes voisines, mais cela peut attendre.
Je cherche mes clefs et entend une clochette tinter derrière moi.
"Minette !"
Elle vient vers moi en me regardant de ses grands yeux félins, je me penche pour la caresser, elle s'esquive.
Je souries et rentre.

Je retrouve tout ici, tout ces choses que je n'espérais plus revoir.
Le savant désordre organisé et l'exubérance de la déco ... home sweet home.
Mais pas le temps de s'attarder, je jette mes vêtements sur le lit et file sous la douche.
"Arg ! la salle de bains la plus froide du monde, j'avais oublié."

Tandis que l'eau coule, je tente de remettre mes idées en place : ça a marché, c'est dingue mais je suis là ... et je sais pourquoi.
Je m'habille en vitesse, sans prendre le temps d'hésiter dans ma garde-robe, mais au dernier moment je reviens dans la salle de bains et regarde longuement mon reflet dans le miroir.
Je m'interroge ... comment ai-je pu me fourvoyer à ce point ?
Comment ai-je pu me tromper à ce point sur qui je suis ... et sur qui tu es ?
Comment ai-je pu douter de cet amour qui nous lie envers et contre tout ?

Je m'assoie à mon bureau, ce bureau où j'ai tant pleuré, tant esperé, tant écrit.
"Mes lettres !"
Je mets quelques minutes à les retrouver toutes, je les survole et réalise : "Voila ce que j'aurais dû lui dire, le reste n'a plus aucune importance"

Je fourre les feuilles dans ma poche et pars en courant, le coeur battant.
Te revoir ...
Te le dire enfin ...

Je cours presque jusque chez tes parents, mais une boule dans ma gorge me stoppe net au bas de l'immeuble.
Je décide d'attendre que tu sortes.

Assise sur le trottoir d'en face, j'attends, la peur au ventre.
Comment réagir ?
Je n'ai plus la même attitude qu'alors, je suis différente, et surtout je sais ce que tu es en train de vivre, tu me l'as dit toi même ... dans 3 ans ...
Comment gérer ce paradoxe ?
Alors que je me débat avec mes doutes, ta sihouette apparait devant moi, tu me vois.
Tout d'abord de la surprise sur ton visage, je te souries inconsciemment, ton visage se referme et tu commences à t'éloigner.
Je n'en attendais pas moins.

Je traverse en courant et te barre la route. Tu me lances un regard noir.
"Ecoutes-moi je t'en prie !"
"Je sais que ça va te paraître dingue, mais voila : c'est toi qui m'as dit que j'aurais dû venir à toi"
Tu me regardes intrigué, mais toujours sur la défensive.
"Je passe mes soirées à t'attendre, à t'écrire, à t'espérer et à pleurer."
"Et je sais désormais que tu ne viendras pas.""
"Et que si tu ne viens pas, je vais faire le plus belle connerie de ma vie."

Je te tends les lettres, ces mots que je n'osais pas te faire savoir alors.
Mais aujourd'hui, tout est différent : j'ai confiance.
Tu les prends sans me regarder.

"Je viens te voir car je sais que c'est ce que tu espères de moi."
"Et je te montre ces lettres car je sais aussi que tu comprendras, il n'y a que toi à qui je puisse me dévoiler ainsi."
"Je t'aime toujours et j'ai confiance en toi."
Tu lèves vers moi des yeux ronds comme des assiettes.
Je réalise que j'y vais un peu fort.

Je me mets à paniquer, à bafouiller, j'essaie de me justifier ...
Ta voix vient briser le fil de mes pensées.
-"Je ne sais pas. J'ai besoin de temps."
Tu me tends les lettres.
"Non. garde-les : elles sont pour toi, même si je ne pensais pas que tu les lirais un jour."
Je ne sais plus quoi ajouter : tu es là, si proche et pourtant inaccessible.

Tu te remets à marcher, je reste pétrifiée, impuissante.
Tu t'éloignes et tournes bientôt au coin de la rue.

Et maintenant ?

Je n'arrive plus à réfléchir ...
Il y a tant de choses que je voulais faire, de gens que je voulais revoir ... avant qu'il ne soit trop tard ...

Je cours te rattraper "attends !"
Tu te retournes surpris.
J'arrive enfin à ta hauteur et reprends difficilement ma respiration, les mains sur les cuisses.
"Je vais m'absenter quelques jours, j'ai ... des gens à voir."
-"Je serai là."
-"Je sais. Tu as toujours été là."
Tu es troublé, mais tu me souries enfin.
C'est tout ce que j'attendais.
"Merci."

Je te laisse partir, soulagée et pleine d'espoir.

Je reste là, à penser à tout ce que l'on s'est dit depuis, à tout ce que nous avons appris l'un et l'autre.
Je me demande ce que va donner ce nouvel avenir.

Tout est encore possible ...





Le mot de la fin :
"Le temps est notre pire ami et notre meilleur ennemi :
il efface la joie des bons moments et atténue la douleur des mauvais."

2 commentaires:

_Ze Giraf_ a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

je dirais juste que tu me connais très bien