vendredi 7 décembre 2007

Portrait du passé #1

Personnage taciturne et torturé, "plumitif" m'a-t-on dit à ton sujet.
Un talent plus que certain pour l'écriture et l'auto-persécution.

Les règles furent claires dès le début : pas d'engagement, pas de prise de tête ... mais on ne contrôle pas les sentiments de l'autre.
N'ayant d'emprise sur moi que celle du quotidien, je t'échappais bien vite.
Insaisissable amour et improbable histoire, nous n'avions rien à faire, rien à construire ... sinon tenter de reconstruire nos propres personnalités, brisés que nous étions l'un et l'autre.
Je n'ai pas voulu te faire de mal, mais tu n'as pas compris ma démarche : je voulais un ami, un confident, tu cherchais autre chose.
J'acceptais que tu sois un amant ... je restais sans amour.
Tendresse, affection, attachement, connivence et confidences ne suffisent pas.
Mon coeur était trop saignant encore pour être donné à quiconque...
Et malheureusement je n'ai pas su t'avouer que tu ne m'étais rien.
Je t'ai même menti, je le reconnais ... mais je ne disais que ce que tu voulais entendre ... et ce en quoi je voulais croire.
Je tentais de m'ennivrer d'oubli entre tes bras.
"Si vous chercher à noyer votre chagrin, n'oubliez pas qu'il sait nager".

Te reconstruire était ma tentative pour oublier ma propre ruine, mais j'ai finalement fait plus de mal que de bien.
Tu m'as permis d'apprendre tant de choses, sur toi et sur le monde, sur ton passé et tes cauchemars, sur cet esprit brillant entravé d'angoisses ...
Si ta maîtrise des mots tient de l'art, tu restes pourtant incompris.
J'ai tenté de te faire quitter cette armure qui t'emprisonne plus qu'elle ne te protège, je suis même parvenue à faire tomber quelques défenses ...
J'ai su te faire sourire, et tu as séché mes larmes.
A défaut de s'aimer, nous nous sommes tout du moins aidés.

Tu m'as enseigné la part d'abîme en moi, j'ai marché sur ces rives sombres, ta main dans la mienne, je sais que je me serais perdue sans ton écoute attentive.
J'ai appris à marcher sur le fil du rasoir tendu au dessus du vide, tu m'as ouvert la voie, funambule vétéran, car tu as traversé plus de tempêtes que je n'en ai vu en cauchemars.

Si tes tourments m'ont tant atteint, s'ils m'ont ébranlée, c'est que j'étais plus proche de toi que je ne saurai le reconnaître.

Je n'ai de regret que ceux de t'avoir laissé croire qu'il y eu un avenir possible, qu'il y eu l'amour que tu attendais.
J'aurais aimé que nous restions amis.
D'autant plus que j'ai pu me rendre compte que ton jugement était juste sur le vil séducteur qui trompait ma vigilance alors.

Les moments passés auprès de toi me laissent un sourire aux lèvres.
Tu as eu pour moi gestes et attentions que je n'espérais pas, j'ai vécu les instants d'une douce vie qui ne m'appartenait pas.
Malgré nos tourments personnels, nous n'étions pas si mal ensemble alors.
Notre histoire n'aurait pu avoir sa place ailleurs dans nos vies, c'était notre instant d'éternité.
Tu soulageais ma peine, je pensais alléger ton fardeau.
Aujourd'hui tu me dis que je t'ai brisé.

J'en suis sincèrement désolée mon ami ...

Aujourd'hui, je lis tes mots et je sais que je n'ai pas tout raté.
Aujourd'hui, je relis tes lettres et je sais que je n'avais pas totalement tort.
Aujourd'hui, je crois en toi comme hier ... me crois-tu ?

Aucun commentaire: